« Nous sommes fiers de cet héritage » : dans l’Orne, hommage au 1er président de l'assurance…

Iszzya

18/10/2025

À Flers (Orne), une cérémonie au cimetière a rendu hommage à Eugène Garnier, ouvrier métallurgiste, résistant et grande figure du syndicalisme local, à l’occasion des 80 ans de la Sécurité sociale. Élus, militants, proches et représentants syndicaux, dont Isabelle Ledoux, secrétaire de l’Union départementale CGT de l’Orne, se sont rassemblés autour de sa stèle pour saluer un parcours entièrement dédié à la justice sociale, à la liberté et à la paix.

Un engagement né dans le monde ouvrier Né en 1908 à Saint-Georges-des-Groseillers, Eugène Garnier entre très jeune dans l’action collective. Métallurgiste à Flers, il adhère à la CGTU en 1926 et participe à la création du syndicat local. Responsable de la métallurgie à Flers, il s’investit au Parti communiste et devient l’une des voix marquantes du mouvement ouvrier dans l’Orne.

Dans les années 1930, il contribue aux comités du Front populaire et organise la solidarité avec les réfugiés espagnols. En 1938, il prend la tête de la section communiste de Flers et s’implique dans les instances fédérales.

De la clandestinité à la déportation Mobilisé en 1940, Eugène Garnier entre très vite dans la clandestinité. Avec Pierre George, dit « colonel Fabien », il fonde le premier groupe FTPF de la vallée de la Vère. Arrêté le 18 octobre 1941, il est emprisonné à Alençon puis transféré à Royallieu-Compiègne. Déporté à Auschwitz en juillet 1942, matricule 45571, il survit jusqu’à la libération du camp par l’Armée rouge le 27 janvier 1945 et rentre en France quelques mois plus tard.

Bâtisseur de la Sécurité sociale dans l’Orne À la Libération, Eugène Garnier reprend ses responsabilités syndicales et politiques. Il devient secrétaire de l’Union départementale CGT de l’Orne et s’implique directement dans la mise en place de la Sécurité sociale, grande conquête portée par le Conseil national de la Résistance. Administrateur de la Caisse primaire d’assurance maladie de l’Orne, il en sera le premier président, incarnant la continuité entre l’esprit de la Résistance et la défense des droits sociaux. « Ce que nous avons conquis par la lutte, il faut le défendre sans faiblir », rappelait-il, une phrase citée lors de l’hommage.

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« À nous de faire vivre cette mémoire » Au nom de la famille, Bruno et Danielle Garnier ont remercié la CGT, le Parti communiste français et la ville de Flers. « Notre grand-père n’était pas de ceux qui se muraient dans le silence après les camps. Il a continué à transmettre, à parler, à agir. Nous sommes fiers de cet héritage », a témoigné Danielle Garnier.

La cérémonie s’est conclue par un appel à la vigilance face aux menaces qui pèsent aujourd’hui sur les conquis sociaux. « À nous maintenant de faire vivre cette mémoire, non pas dans le silence mais dans l’action », a insisté un représentant syndical, évoquant les luttes pour la retraite, l’hôpital public et la protection sociale.

En célébrant à la fois les 80 ans de la Sécurité sociale et la mémoire d’un de ses artisans dans l’Orne, les participants ont souligné l’actualité du combat d’Eugène Garnier. Et de citer Victor Hugo en clôture: « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. »

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