Adossé à la salle polyvalente, à l’entrée du village de Plaisance (Aveyron), à quelques kilomètres de Saint-Sernin-sur-Rance, un impressionnant pressoir du XVIIIe siècle attire le regard. Monument de bois et de fer, ses dimensions comme son état de conservation en font un témoin rare du patrimoine local.
In vino veritas Aujourd’hui, la vigne a presque disparu autour de Plaisance. Autrefois, elle faisait pourtant vivre la région. Les ceps poussaient en terrasses sur un sol caillouteux dominant le Rance, du côté de Saint-Sernin-sur-Rance et de La Bastide-Solages. Ce passé viticole, longtemps moteur de l’économie locale, se lit encore dans ce pressoir historique, mémoire d’un Aveyron vigneron.
Pressoir à vis : comment ça marchait ? Après les vendanges, les raisins étaient foulés puis versés dans une cuve en bois. Une dizaine de jours de fermentation permettait d’obtenir le vin de goutte, le plus fin. Restait alors le marc — peaux, pépins, rafles — que l’on plaçait dans la maie, ce plateau incliné prévu pour laisser s’écouler le jus. En actionnant le levier (sur un pressoir parfois dit “à vis”), la pression extrayait le vin de presse. Plus riche en tanins, donc plus amer, il était considéré comme de qualité inférieure, mais complétait la production.
Le vin de presse, toujours d’actualité On produit encore du vin de presse aujourd’hui, surtout en rouge ou en rosé. Rarement consommé seul, il sert d’ingrédient précieux dans les assemblages avec le vin de goutte pour élaborer des cuvées dites ordinaires. Sa force tannique apporte couleur, structure et longueur en bouche.
Une boisson du quotidien À Plaisance, ce pressoir a longtemps étanché la soif des habitants. Dans les années 1930, le village comptait une dizaine de bistrots où l’on servait ce vin local. Il n’en reste plus qu’un aujourd’hui, ultime témoin d’une époque où la vigne rythmait la vie du territoire.