« On survit… » : en Ile-de-France, enfants et jeunes piégés par le…

Iszzya

17/10/2025

En Île-de-France, 1,3 million de personnes vivent en situation de mal-logement. Familles monoparentales, enfants et jeunes en précarité en paient le prix fort, prévient la Fondation pour le logement des défavorisés. Région la plus peuplée du pays (12,3 millions d’habitants, soit près de 19 % de la population), l’Île-de-France attire environ 28 000 ménages supplémentaires chaque année, tout en concentrant la crise du logement la plus aiguë.

D’après la Synthèse de l’éclairage régional 2025 rendue publique le 13 octobre, près de 3 millions d’habitants sont en grande fragilité vis-à-vis du logement. L’absence de domicile personnel en est l’expression la plus alarmante : 125 600 personnes sont concernées en 2025. Lors de la dernière Nuit de la solidarité, 4 275 personnes sans abri ont été comptées, dont 3 507 à Paris et 768 dans 30 communes de la Métropole du Grand Paris. Chaque soir, environ 2 000 personnes restent sans solution malgré leurs appels au 115, un numéro que 70 % des personnes interrogées disent ne plus composer, faute de réponse. En 2023, 347 personnes sont mortes dans la rue en Île-de-France.

Familles monoparentales en première ligne Le nombre de familles monoparentales a bondi de 22,6 % entre 2011 et 2021, révélant leur poids croissant. Faute d’alternatives, beaucoup s’entassent dans des logements exigus ou insalubres, ou restent des mois, voire des années, à l’hôtel social. En 2024, près de 30 % des ménages hébergés à l’hôtel y vivent depuis plus de cinq ans (14 % en 2015). Dans un contexte de pénurie, 888 000 ménages attendent un logement social pour environ 65 000 attributions annuelles, soit 93 % de demandeurs sans proposition. Témoignages à l’appui: « On survit… c’est une dépression constante, notre vie n’avance pas. » « Quand on vit sous le seuil de pauvreté, on doit choisir : la santé ou la nourriture ? » « Le logement est délabré, on ne peut inviter personne chez soi. »

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Des enfants dans des logements indignes Près de 400 000 Franciliens vivent sans critères de confort de base (eau courante, douche, chauffage ou coin cuisine). En 2021, 21,1 % des ménages occupaient un logement trop petit, deux fois plus que la moyenne nationale, et près de 30 % chez les locataires. Entre 2021 et 2025, le surpeuplement accentué a progressé de 8 %. Au total, 977 685 personnes, dont de nombreux enfants, vivent dans des conditions très difficiles, marquées par la suroccupation et la privation de confort. Conséquences directes pour les plus jeunes : santé fragilisée, devoirs faits sur un lit, nuits à plusieurs dans une même pièce, manque d’espace pour jouer… « Tout ce que me disent mes enfants, ça me rend malade, je n’arrive pas à leur donner une meilleure vie », confie une mère.

Jeunes précaires : l’autonomie freinée Les jeunes Île-de-France quittent le domicile parental avec près de deux ans de retard par rapport au reste du pays, faute d’offres abordables. La mobilité résidentielle recule : 11,3 % des habitants ont déménagé dans l’année en 2021, contre 13 % en 1999. Dans le parc social, elle tombe à 6,6 %, le taux le plus faible de France. L’accès au parc privé est verrouillé : moins de 5 % des salariés dits de « première ligne » peuvent louer un logement adapté à Paris. En vingt ans, les prix des appartements ont augmenté 4,5 fois plus vite que les revenus, et les loyers deux fois plus vite. À Paris, moins de 6 % des couples sans enfant, locataires du privé, ont la capacité d’acheter un appartement, un pourcentage quasi nul pour les locataires du parc social. L’attente s’allonge : « Après 20 ans d’attente… on en rigole, on n’y croit plus », souffle un demandeur. D’autres se sentent invisibles : « Quand je vois 800 candidatures pour un logement… ils n’ont pas examiné toutes ! » Certains gardent malgré tout l’espoir : « Je dois garder le cap ! Un jour ou l’autre, ça va se dénouer. »

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Droits fragilisés, sentiment d’injustice La crise se transforme en crise des droits. En 2023, seuls 15 % des ménages reconnus prioritaires au titre du Droit au logement opposable (DALO) ont été relogés dans le délai légal de six mois. 49 000 ménages restaient sans solution, et plus de 20 % des demandeurs patientent depuis plus de cinq ans. Dans le même temps, la production de logements sociaux s’effrite : 17 722 logements agréés en 2024, deux fois moins qu’en 2016. Alors que deux tiers des demandeurs ont des revenus sous le plafond PLAI, à peine un tiers des logements produits relèvent de cette catégorie très sociale. Entre 2012 et 2023, plus de 41 000 logements PLAI ont disparu.

Les difficultés financières s’aggravent. En 2024, 20 289 ménages ont déposé un dossier de surendettement (+10 % en un an) et les expulsions locatives ont atteint un record avec 8 106 procédures. Le nombre de bénéficiaires des aides personnelles au logement recule à 1 014 028 (100 000 de moins qu’en 2020), pour une aide moyenne de 246 euros mensuels. « Ils vous punissent, ils vous condamnent ! », dénonce un demandeur après avoir refusé un logement inadapté. La Fondation pour le logement des défavorisés alerte : il faut faire de l’expulsion une exception et garantir des solutions dignes et adaptées aux familles, aux enfants et aux jeunes.

Lire aussi Enfants à la rue : l’UNICEF France et la FAS dénoncent un échec politique majeur. Dans la nuit du 18 août 2025, 2 159 enfants, dont 503 bébés, ont dormi dehors en France. Le 7e baromètre UNICEF France–FAS constate une dégradation continue et souligne l’écart entre l’objectif « zéro enfant à la rue » et une réalité qui s’aggrave. Partagez cet article pour sensibiliser autour de vous.

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