Sur les images de vidéosurveillance d’un bar parisien, une jeune femme discute tranquillement avec un homme, une grosse valise à ses pieds. L’homme jette un coup d’œil au bagage, se redresse puis s’éclipse. Selon l’enquête, dans cette malle repose le corps de Lola, 12 ans. Moins d’une heure plus tôt, dans l’appartement de sa sœur, Dahbia B. (Dahbia Benkired) l’aurait agressée, torturée et tuée. Elle aurait ensuite abordé l’homme en descendant ses valises, lui proposant « un truc à vendre ». À la barre, un enquêteur de la brigade criminelle s’étonne de ce sang-froid inhabituel.
Au premier jour du procès, vendredi 17 octobre 2025, la cour d’assises a entendu les policiers de la brigade criminelle. Derrière leurs costumes sombres, l’émotion demeure palpable. Ces agents expérimentés disent n’avoir jamais oublié le visage et l’attitude de l’accusée.
Le récit de l’interpellation glace l’audience. Au petit matin du 15 octobre 2022, Dahbia B. est localisée à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) et arrêtée avec l’appui de la BRI. Sur place, elle feint la surprise. Un enquêteur confie s’être demandé, sur l’instant, s’ils ne s’étaient pas trompés de personne, tant l’intéressée ne laisse paraître ni trouble ni remords.
Placée en garde à vue, l’accusée enchaîne trois auditions et nie tout. Un second policier prend alors le relais, comme l’enseignent les formations internes de la “Crim’” : adapter le ton, varier les approches, tenter d’établir un dialogue. Il s’adresse à elle calmement, l’appelle par son prénom, l’invite à exposer sa version. Puis il durcit le propos lorsque la valise est évoquée.
Conformément à l’article 64-1 du code de procédure pénale, les auditions sont filmées. Dans l’une d’elles, l’enquêteur présente successivement cinq clichés du corps de la victime. Dahbia B. les regarde et répète à chaque fois, d’une voix enfantine : « Encore. » La salle se vide un instant, les parties civiles quittant l’audience avant de revenir.
Malgré ces provocations, l’interrogatoire avance. L’accusée dit avoir toujours rêvé d’être policière et demande, ironique, un uniforme pour “aider”. Elle décrit le supplice infligé à Lola, allant jusqu’à affirmer avoir bu son sang, propos dont elle se rétractera ensuite en parlant d’un “cauchemar”. Lors d’un autre échange, elle ricane quand on l’interroge sur la destination de la malle et évoque un « barbecue », des mots qui sidèrent les enquêteurs.
Dans le box vitré, Dahbia B. reste impassible, le regard fixé sur les policiers. Invitée à réagir aux vidéos, elle dit ne pas se reconnaître, affirme avoir été “folle” et promet de dire la vérité au cours des débats.
Le procès, ouvert à Paris, doit se poursuivre jusqu’au 24 octobre 2025.