Arrivé d’Afghanistan en 2021, Sayed Hadar Hussaini, 36 ans, s’est forgé à Flers (Orne) un nouveau départ exemplaire. Réfugié afghan, il a surmonté l’exil, appris le français, trouvé un emploi durable et réuni sa famille, devenant un repère d’intégration locale.
Neuf pays avant Flers Issu d’une famille d’agriculteurs et passé par trois années de travail dans une mine de charbon, il quitte son pays le 16 août 2021. Son itinéraire le mène à travers l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Albanie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie puis l’Italie. Au total, près de 9 892 km et neuf frontières franchies avant d’entrer en France par Briançon le 10 septembre 2022. Il rejoint Paris en bus (683 km), puis Caen en train (229 km), avant d’être accueilli à Flers en octobre 2022 par Françoise Gravier au sein de Coallia, structure d’hébergement pour demandeurs d’asile. Il raconte avoir avancé de nuit, à travers montagnes, forêts et rivières, poursuivant ensuite son trajet en taxi, bus et train dès qu’il atteignait les villes.
Apprendre le français, décrocher un CDI Sayed Hadar obtient le statut de réfugié en juillet 2023 et quitte le dispositif d’hébergement en décembre. Malgré un marché locatif compliqué dans le privé à Flers, il persévère. Parlant couramment anglais, il admet pourtant que cela ne l’a pas aidé à maîtriser plus vite le français, qu’il travaille chaque jour. La rencontre avec Humando, via un partenariat avec Coallia, change la donne. Après six semaines d’accompagnement, il enchaîne avec une mission d’intérim chez Charal Flers. Son sérieux, sa ponctualité et son implication lui valent un CDD de 18 mois, puis une embauche en CDI en juillet 2025.
Une famille réunie, un rêve de ferme Le 8 juillet 2025, son épouse, Muhadesa, arrive à Flers avec leurs trois enfants. Tous deux avaient appris à lire et à écrire à l’école Imam Zaman en Afghanistan. Aujourd’hui, Muhadesa suit des cours de français, tandis que leurs filles, Hajar (11 ans), Hania (9 ans) et Huma (7 ans), sont pleinement intégrées à l’école et au collège de la ville. Elles se sont déjà fait de nombreux amis, se réjouit leur père. Ancré désormais à Flers, Sayed Hadar nourrit un projet simple et fort: acheter une petite ferme en France pour retrouver le lien avec la terre et la nature. Un rêve de stabilité, symbole d’apaisement et de reconstruction.